Aide à mourir : Réponse antivalidiste !

 

Nous rejoignons les inquiétudes des autres camarades antivalidistes face à la perspective d'une législation sur l'aide active à mourir, soutenue par une partie importante de la population. En effet, nos voix se trouvent étouffées par le discours réactionnaire qui domine le débat public. Discours réactionnaire auquel nous refusons d'être associé-es à cause de ses positions conservatrices et dangereuses.


En tant qu’association défendant l'autodétermination, nous sommes profondément engagé-es dans la lutte pour la liberté de choisir quand et comment mourir. Mais nous devons nous poser la question suivante : quel choix exactement est offert aux individu-es ? Est-ce le choix de la mort ou le choix d'une vie digne et autonome ? Peut-on réellement prôner l'autonomie corporelle, l’autonomie de choix sur son corps, sans garantir l'autonomie dans tous les aspects de la vie quotidienne (logement, ressources, compensation du handicap, accessibilité, …) ?

Il est essentiel d'avoir une perspective politique globale qui tienne compte des réalités systémiques et sociales. Le handicap ne peut pas être réduit à une situation individuelle ; il s'agit d'une question politique qui demande une réponse politique.

 

C’est pourquoi nous déplorons le manque de prise en compte des positions antivalidistes, notamment sur l'aide à mourir, de la part de la majorité de nos camarades de gauche.


Il est impératif de rappeler qu’en France, les personnes handicapées sont encore trop souvent privées de leurs droits les plus fondamentaux. Elles sont enfermées dans des institutions, privées d'accessibilité et majoritairement maintenues dans la précarité économique. Dans un tel contexte, parler d'aide à mourir sans garantir une vie digne est non seulement hypocrite, mais aussi dangereux.

 

L'État réduit de 230 millions d'euros le budget pour le handicap et les solidarités, suscitant des inquiétudes quant à l'avenir des politiques publiques de solidarité, alors que le gouvernement a annoncé vouloir réduire et trouver 12 milliards d'euros d'économies sur les dépenses publiques d'ici 2025, notamment en examinant la prise en charge des maladies chroniques, telles que les affections de longue durée, ce qui soulève de vives inquiétudes quant à l'impact sur les patient-es et le système de santé dans son ensemble. Sans oublier la casse de l'hôpital public amorcée depuis des années mais aggravée sous Macron.

Dans un monde idéal, où la société serait pleinement accessible, où la ségrégation sociale et spatiale n’aurait plus lieu, où les moyens de compensation des handicaps seraient une réalité permettant une vie autonome, l'aide à mourir serait une option légitime. Cependant, dans la réalité actuelle, où le validisme causé par le productivisme et donc le capitalisme, prévaut, légaliser une telle mesure, sans forte garantie de réels choix éclairés, ouvrirait la porte à l'eugénisme et à la discrimination.

Il est évident que notre opposition est contextuelle et non absolue. Nous voulons simplement attirer l'attention sur les dangers potentiels d'une telle législation, en nous basant sur les exemples alarmants observés dans d'autres pays comme le Canada ou la Belgique. Dans une société où le danger fasciste nous guette et où le tri des malades selon leurs incapacités a déjà été une réalité au moment du pic du Covid 19, nous devons rester vigilant-es et défendre les droits et la dignité de toutes les personnes, valides ou pas.

 

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texte nos vies comptent