Le 1er mai, journée internationale des droits des travailleur·euse·s, est l'occasion de rappeler que le validisme, en discriminant les travailleur·euse·s handicapé·e·s, est une arme de division du prolétariat. Le validisme s'inscrit dans le système capitaliste en renforçant l'exploitation des travailleur·euse·s en situation de handicap, notamment au sein des ESAT les privant ainsi de leurs droits fondamentaux. La lutte pour les droits des travailleur·euse·s doit donc inclure la lutte contre toutes les formes de discrimination, y compris le validisme, afin de construire une société véritablement égalitaire.

 

Le système capitaliste, axé sur la recherche incessante de profit, repose sur la compétitivité et l'exploitation de la force de travail. L'exploitation se résume à s'enrichir en utilisant le travail d'autrui pour son propre bénéfice

 

Le capitalisme valorise la capacité des travailleurs à produire, à supporter l'effort et les cadences infernales de production.

 

Les personnes handicapées, ne pouvant pas s'adapter à ce modèle de travail, sont exclues de l’emploi et marginalisées par la société. Le capitalisme, à travers ses critères validistes, hiérarchise les corps en valorisant ceux des personnes valides et en rejetant ceux des personnes handicapées.

 

Le capitalisme créé des catégories de personnes (handi-es/valides) en fonction de leurs capacités à produire de la force de travail. Il ségrégue dans les institutions spécialisées, comme les ESAT, les personnes non aptes à travailler ou ayant une productivité moindre réelle ou supposée.

 

Les ESAT sont des institutions où le capitalisme adapte les corps handis au travail.

 

Le capitalisme a tout intérêt au développement des lieux d’exploitation pour handi-es (ESAT).

En France, les ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail) exploitent 120 000 travailleurs handicapés.

 

Sous prétexte « d’intégrer » les personnes handicapées dans la société et leur permettre une « vie sociale », cela permet à l’Etat de préserver son système économique néolibéral, qui repose sur l’exploitation humaine.

 

Actuellement, les travailleurs en ESAT qui travaillent 35h par semaine touchent à peine un demi-SMIC. En plus d’avoir un salaire de misère, ces travailleurs et travailleuses se voient dénier l’accès aux droits fondamentaux que garantit le droit du travail.

 

Ce que le handicap interroge également, c’est l’injonction sociale à la performance et à la productivité dans le capitalisme. Les salariés se doivent d’être les plus performants possibles dans un système de concurrence où seuls les plus aptes méritent un travail.

 

De plus, la surexploitation des travailleurs handis en « secteurs protégés » permet de perpétuer une « idéologie d’assisté » et une division sociale.

 

Pour la société capitaliste, les secteurs protégés sont plus avantageux économiquement, mais aussi socialement. D’une part, ces secteurs permettent de rétrécir l’horizon social et de créer une division entre les travailleurs handis et valides afin d’empêcher une lutte commune, et d’autre part ils réussissent à faire accepter les conditions de surexploitation des travailleurs handis.

 

Pour mettre fin à cette exploitation institutionnalisée, il est impératif de mener une lutte sociale et politique commune pour la désinstitutionalisation. Les personnes handicapées et les travailleurs valides doivent unir leurs forces dans un projet à la fois anti-validiste et anti-capitaliste pour permettre l'émancipation des personnes handicapées.

 

 

 

Sources :

 

Charlotte Puiseux, De chair et de fer, vivre et lutter contre le validisme. Editions La Découverte, 2022

 

Le travail ségrégué des personnes handicapées : la dénégation du droit international par la France à travers le modèle des ESAT

Lili Guigueno

 

Esat : les travailleur·ses handicapé·es exploité·es

Lili Guigueno

 

Handicap à vendre de Thibault Petit publié. Editions Les Arènes, 2022